Ma maison écologique - Publié le : 03/11/2025

Comment rénover une longère ? Combien ça coûte ?

La longère, c’est le symbole de la vie simple et paisible, celle qu’on imagine au lever du jour, avec la lumière qui glisse sur les murs de pierre et les odeurs de bois humide dans l’air. Ce charme rural agit comme une promesse de sérénité et de retour aux sources.

Ce rêve d’authenticité séduit de plus en plus, mais derrière lui se cache une réalité exigeante : rénover une bâtisse ancienne, c’est affronter l’humidité, les déperditions de chaleur, les murs tordus et les installations d’un autre âge.

Nous avons conçu ce guide pour aider à transformer ce rêve de campagne en projet concret. Parce qu’une longère, ça ne se rénove pas comme une maison récente, nous vous aidons à faire les bons choix techniques et esthétiques pour préserver son identité tout en la rendant agréable à vivre.

Les spécificités des longères

Nous redirons beaucoup de choses que nous avons déjà dites dans notre article sur la rénovation des maisons anciennes. Néanmoins, nous adressons le cas spécifique des longères.

Qu'est-ce qu'une longère ?

Les longères sont nées d’une architecture paysanne simple et fonctionnelle, adaptée à la vie rurale d’autrefois. 

Les premières longères apparaissent entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, prolongeant les formes rurales médiévales. Leur essor correspond à une période où la paysannerie se stabilise et construit plus solidement, remplaçant le bois et le torchis par la pierre locale. Au XIXe siècle, leur silhouette s’uniformise : un corps de bâtiment allongé, orienté sud, regroupant logement, étable et grange sous le même toit. Cette organisation traduit un mode de vie centré sur l’autonomie, le travail de la terre et la proximité avec les animaux.

Chaque région avait ses matériaux : la pierre et l’ardoise en Bretagne, le tuffeau en Anjou, la brique et le torchis plus au nord. Leur apparente simplicité cache en réalité une intelligence de conception, fondée sur l’économie de moyens et l’adaptation au climat local.

Ces bâtisses se distinguent par leurs murs épais, leurs ouvertures modestes, leur toit à deux pans descendant bas sur les façades. Chaque détail, du choix des pierres à la pente de la toiture, traduisait une logique d’usage avant tout, au service du quotidien rural.

Absence de fondations, humidité et ciment

Les longères, ayant été construites bien avant les standards de construction modernes, n'ont pas de fondations. Cela signifie que vos murs et vos sols sont à même la terre, ce qui pose des problèmes importants de gestion de l'humidité.

L'eau remonte en effet par capillarité dans les sols et les murs.

Et plus elle est bloquée, plus elle remonte haut.

Ce problème est donc accru par les enduits et chapes en ciment, très populaires dans les années 60-70. C'était la folie du ciment : on en mettait partout, c'était le produit miracle. Ultra solide, avec une accroche extraordinaire, il avait néanmoins des défauts peu connus à l'époque.

D'abord, il était en fait TROP solide : les murs en pierre comme ceux des longères "travaillent", c'est-à-dire qu'ils gonflent et se rétractent au fil des variations du taux d'humidité … pas le ciment. Ce dernier finit donc par broyer la pierre avec laquelle il est en contact, puis, privé de support, finit par se décoller.

Ensuite, il est étanche, il piège donc l'eau, qui remonte de plus en plus haut dans les murs, le dégradant en profondeur au passage, fragilisant l'enduit.

L'un de vos premiers challenges sera de gérer ce problème, en retirant l'enduit ciment des murs et, éventuellement, du sol.

Un bois abîmé

Le bois est une matière vivante très durable, mais pas éternelle, surtout face aux assauts des champignons et des insectes. Vous devrez rapidement auditer vos charpentes et vos planchers pour identifier les faiblesses et infestations.

En pratique, les planchers devront souvent être entièrement refaits. En effet, le fait d'avoir une base uniforme est important pour la suite et on veut éviter l'éventualité qu'une infestation reparte de là, par exemple s'il reste des œufs de capricorne.

Le début de la rénovation de longère : le gros œuvre

Le début est l'étape la plus intimidante pour un particulier, parce qu'il faut faire des travaux d'une ampleur qu'on a jamais réalisée. Beaucoup de monde a enlevé/posé du papier peint ou posé un sol stratifié, un peu moins déjà ont tombé et refait une cloison, mais quasiment personne n'est allé plus loin.

Ici vous allez devoir sortir la masse, la bétonnière et le tractopelle : vous allez devoir poser une chape, refaire les réseaux (électricité, eau, air, évacuations) et bien d'autres choses.

Toujours : les réseaux

Si vous achetez une longère, il y a toutes les chances que l'électricité soit totalement à refaire. Les normes ont changé totalement depuis quelques dizaines d'années, notamment avec l'obligation d'avoir une terre. De plus, il y a de plus en plus d'équipements électriques, vous voudrez donc augmenter le nombre de prises et peut-être vous équiper de nouveautés : les prises USB et le réseau RJ45 (télécommunications) notamment. Bref, prévoyez de tout reprendre à ce niveau.

Pour la plomberie, c'est moins systématique, mais vous voudrez souvent l'adapter à vos envies. Les évacuations sont quant à elles souvent abîmées, les refaire est un chantier fréquent.

Enfin, vous devrez ajouter un réseau totalement inexistant : l'aération. Vous devez installer une ventilation mécanisée à simple flux ou à double flux.

Toujours : la dalle et le hérisson

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Ce n'est pas le nom d'une fable de la Fontaine, le hérisson est en fait un élément crucial si vous refaites une dalle. En effet, si vous la faites sur le sol, l'eau du sol va se retrouver coincée en dessous. Vous avez besoin d'une fondation : le hérisson.

Il s'agit d'un lit de gravier plus ou moins gros entre lesquels vous ferez passer vos réseaux et une aération (un tuyau percé, qui aère le hérisson). Pour le réaliser, l'idéal est d'utiliser un matériau isolant, comme le Misapor ou la Laterlite 3-8.

Ainsi vous avez en même temps l'isolation thermique du plancher.

Par dessus, vous coulez une dalle de chaux.

Souvent : les planchers

Le bois des vieux planchers a souvent été largement attaqué par les insectes et doit en général être retiré. Le plancher est quelque chose de fondamental et il faut que ce soit bien propre et homogène. Ensuite si vous avez des poutres bien solides qui ont été largement épargnées, vous pouvez en garder, mais ayez bien en tête comment vous aller construire l'ensemble de votre plancher.

Pour fixer vos nouvelles solives, il peut être tentant d'utiliser les trous des poutres antérieures, mais je ne vous recommande pas. En effet, cela vous demande tout de même beaucoup d'efforts et c'est rarement propre, puisque vous ne pouvez pas décider de vos entraxes.

De manière systématique ou presque, vous choisirez de poser une muralière : une pièce de bois de grande section ancrée au mur avec du scellement chimique. Vous posez ensuite les solives dessus à l'aide de sabots de charpente.

Pour les planchers, utilisez de l'OSB ou de l'ESB 22mm. C'est une solution résistante et durable.

Comptez 20€/m² globalement. Ce n'est pas très cher à refaire, mais c'est crucial et difficile. C'est la base sur laquelle vous allez refaire le reste. D'ailleurs, si vous le faites faire par un artisan, cela se sentira sur le devis (c'est très cher, comme la charpente).

Éventuellement : la charpente

La toiture est le principal poste de dépense de la plupart des constructions et la condition du reste de la maison : si vous avez des infiltrations d'eau, tous vos efforts seront vains.

Comptez plusieurs dizaines de milliers d'euros pour l'ensemble couverture, isolation et gouttières (de l'ordre de 15K € je dirais pour les matériaux seuls et autant pour la pose).

Dans ce contexte, la charpente est absolument cruciale. Si vous avez le moindre doute sur la durabilité de votre charpente, prenez les avis de plusieurs charpentiers et, si besoin, refaites-là en même temps que la toiture.

Éventuellement : la structure des murs

Il y a aussi la question de la structure des murs. La présence de fissures est assez normales. Néanmoins, si elles ont une forme caractéristique et qu'elles sont profondes, il fut s'interroger. Vous avez plusieurs types de fissures : verticales, en biais et en escalier.

Les premières sont les plus ordinaires et les plus simples. Cela signifie juste en principe que ça a un peu travaillé et que c'est vieux. Un agrafage de maçonnerie suffira souvent : on creuse une croix, puis on y glisse une barre de métal, qu'on noie ensuite dans l'enduit.

La seconde et, surtout, la troisième sont plus inquiétantes : elles traduisent un affaissement. Potentiellement, une simple agrafe suffira. Néanmoins, parfois il faudra des travaux plus lourds, comme une barre d’ancrage traversante (les grandes croix qui viennent de part et d'autre, en longueur, d'un mur) ou même la création de fondations (mais là souvent on détruit simplement le mur à la place).

Dans tous les cas, n'hésitez pas à prendre l'avis d'un maçon. À part les agrafes, ce ne sont pas des travaux à la portée du particulier.

Le second œuvre : ossatures et isolation

Une fois que vous avez votre plancher et votre charpente, vous pouvez poser l'ossature de vos cloisons et votre isolant.

Les ossatures

Il y a plusieurs types d'ossatures :

  • Les modèles en rails montants, avec une lisse basse, une lisse haute, et des montants entre les deux.
  • Les modèles en suspentes et fourrures, avec un rail contre le mur qui accueille une suspente, puis des fourrures. En toiture, les suspentes sont accrochées aux poutres.

Les premiers peuvent être en bois ou en métal. L'avantage des modèles à suspentes est qu'il y a des accessoires pour pouvoir fixer la membrane d'étanchéité sans être collé au parement. Cela permet de faire passer les fils électriques et de poser les prises sans percer le rein vapeur.

Pour le détail, je vous renvoie à nos articles :

L'isolant

Le choix des isolants est assez complexe, mais on peut le simplifier ainsi :

  • Si vous êtes à l'aise avec la technique de l'insufflation, utilisez autant que possible ainsi la ouate de cellulose. Pour l'isolation des murs et des rampants, c'est la plus économique et performante. Nous avons fait tout un article sur l'isolation par insufflation.
  • Sinon, posez des panneaux en laine de bois avec, si besoin, de l'isovégétal 40 pour laisser passer les réseaux quand vous avez une ossature en rails-montants.
  • Pour un complément d'isolation entre les niveaux et entre les cloisons, utilisez du Pavacell DB.

L'isolation par l'extérieur, qu'il s'agisse des murs ou du sarking est plus technique et plutôt à réserver aux professionnels. Les isolants sont beaucoup plus chers que par l'intérieur. De plus, vous ne voulez pas vous priver de l'élégance des pierres apparente à l'extérieur.

L'étanchéité

Une fois que vous avez mis votre isolant, vous devez le protéger de la condensation. L'air chaud peut contenir plus d'humidité que l'air froid. Donc lorsque l'air chaud intérieur chargé d'humidité traverse l'isolant et se refroidit, il dégorge l'eau qu'il ne peut plus contenir. C'est un danger très important.

Pour l'éviter, on utilise une membrane frein-vapeur, qui va limiter la teneur en humidité de l'air qui traverse l'isolant. Cette membrane d'étanchéité fait aussi l'étanchéité à l'air, cruciale pour éviter les déperditions d'énergie.

Pour plus de détails, nous avons écrit :

C'est un poste de dépense relativement petit (<5€/m²), mais crucial pour protéger le bâti.

Enfin, les finitions

Les parements

Il y a plusieurs types de parements : les plaques de plâtre, des versions améliorées avec en plus de la fibre de bois ou de la ouate, ou encore le lambris.

Les plus communs : les plaques de plâtre

C'est le parement le moins cher et le plus commun : la plaque de plâtre. D'une densité de 600 à 700kg/m3, c'est une couche de plâtre entre deux couches de cartons. Elle offre une résistance mécanique correcte tant que le carton de part et d'autre est intègre. Certains modèles sont hydrofuges.

On les utilise sur des ossatures métalliques et pas sur le bois. En effet, elles n'ont pas de variations hygrométriques, alors que le bois si. Or, si l'ossature bouge légèrement et pas le parement, les fixations vont se dégrader et des fissures apparaître.

Elles sont très bon marché, de l'ordre de 4-5€/m².

Les plaques améliorées

Il y a des plaques de plâtres plus avancées, où le gypse (= plâtre) est mélangé à un matériau organique : de la fibre de bois dans le cas du Gypsolignum et de la ouate de cellulose dans le cas du Fermacell.

Cela leur donne une plus grande densité (respectivement 1000kg/m3 et 1150kg/m3) et donc une meilleure isolation phonique.

Ils sont aussi rendus résistants au feu et à l'eau.

Ils ont néanmoins besoin de vis spécifiques pour êtres fixés et sont plus chers, de l'ordre de 10-15€/m².

Le lambris

Le lambris, une sorte de parquet mural, sert à la fois de parement et de revêtement de mur. Pour le finir, vous pouvez lui appliquer une huile, une lasure ou une peinture. Nous proposons souvent des lambris rustiques dès 10€/m². C'est d'autant plus économique que cela fait à la fois parement et revêtement.

Les revêtements

Dans une longère, le choix des revêtements influence autant le confort que l’esthétique, mais il doit aussi respecter la nature du bâti ancien, souvent sensible à l’humidité et à la respiration des murs.

Les revêtements de sol

Trois poses principales existent : flottante (la plus simple, posée sur sous-couche acoustique et pare-vapeur), collée (adaptée à la plupart des revêtements) et clouée (réservée aux parquets massifs).

Les revêtements les plus courants sont :

  • Le parquet massif, durable et réparable, à poser collé ou cloué.
  • Le contrecollé, compromis idéal entre authenticité et stabilité.
  • Le bois densifié et le stratifié, pratiques et économiques, souvent posés flottants.

Le béton ciré et le carrelage, solides mais peu respirants, à réserver aux pièces humides.

Au niveau prix, comptez entre 30€/m² pour un stratifié haut de gamme ou un parquet en pin et 80€/m² pour un sol en bois densifié ou un parquet massif en chêne rustique. 

Les finitions comprennent la pose de plinthes et la protection du bois (huile dure ou vitrificateur).

Les revêtements de murs

Les murs peuvent être enduits, peints ou habillés de lambris.

  • Les enduits décoratifs à la chaux ou à l’argile sont respirants, régulent l’humidité et conservent le caractère du bâti ancien.
  • Les peintures naturelles (chaux, argile, végétales) laissent passer la vapeur d’eau, contrairement aux acryliques étanches.
  • Le lambris bois, chaleureux et rapide à poser sur ossature, offre une finition authentique.

L’ensemble de ces choix doit viser l’équilibre entre confort moderne, respect du support ancien et cohérence esthétique avec le charme rustique de la longère.

Globalement les enduits et les peintures sont très abordables, de l'ordre de 5€/m².

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