Lucile Wenger est une ingénieure en bâtiment durable de formation qui s'est orientée vers l'artisanat avec son entreprise Hutt'O Paille. Nous avons pu l'interviewer à l'occasion d'une formation aux blocs chaux-chanvre par Isohemp.
Lucile Wenger et Hutt'O Paille : le projet d'une ingénieure artisane
Dès ses études, elle s'est passionnée pour l'éco-construction et trouva un stage d'étude, puis un CDD en bureau d'étude environnemental (= audits énergétiques de bâtiments, certification environnementale, recherches sur les matériaux renouvelables).
Pendant 6 mois, elle a "réalisé un inventaire exhaustif de tous les isolants biosourcés fabriqués en France" en étudiant les fiches techniques et FDES notamment.
Elle a ainsi découvert à cette époque la construction en paille.
Elle a néanmoins temporisé ce projet pour travailler à l'Établissement Public Foncier d'Auvergne, notamment pour influencer la rénovation de ces bâtiments. Après deux ans, étant en contact avec des acteurs locaux de la construction paille, elle lance sa structure Hutt'O Paille. Elle découvre le monde la terre crue, dont l'atelier d'architecture Habiterre et Terre de Combronde, une association qui venait de naître pour diffuser l'emploi de la terre crue en construction.
Elle propose ainsi de l'isolation biosourcée en neuf ou en rénovation, des enduits correcteurs thermiques (comme terre paille, chaux chanvre) et des enduits de finition en terre, à la chaux ou en béton ciré.
Le chanvre et la paille en construction
La paille (de blé)
Lucile a promeut la paille pour de nombreuses raisons :
- Sa disponibilité hyper locale ( il suffit d'avoir des agriculteurs céréaliers autour, il n'y a pas de transformation) et son impact carbone imbattable.
- Son bon pouvoir isolant (~0.052, soit un R de 7,1 avec une botte standard de 37 cm d'épaisseur)
- Le confort d'été qu'elle apporte grâce à son bon déphasage thermique.
- Son côté pratique : il fait support d'enduit, vous pouvez directement lui appliquer un enduit en terre côté intérieur et un enduit à la chaux côté façade. À partir d'une certaine épaisseur de terre (3-4 cm), l'enduit intérieur joue même le rôle de frein-vapeur.
Quand je lui ai demandé quelle était le principal obstacle au développement de cette technologie, elle me répond que le moindre problème d'étanchéité à l'eau peut avoir des conséquences dramatiques, il faut donc une compétence parfaite. Automatiquement, cela rend difficile le développement à grande échelle de la pratique.
Le chanvre, un matériau performant
Lucile a rencontré des convaincus du chanvre en construction et des agriculteurs qui ne savaient pas trop quoi faire de leur chènevotte.
Elle a d'abord été séduite par son côté écologique :
"On réutilise un sous-produit aujourd'hui de l'agriculture du chanvre, donc on le transforme en valeur. C'est un matériau qui ne nécessite pas beaucoup d'eau pour sa production, ni de pesticide et qui est renouvelable chaque année. L'utiliser aujourd'hui c'est pertinent, surtout qu'il a des propriétés techniques isolantes et régulatrices d'humidité."
Néanmoins, c'est aussi un matériau performant :
"C'est un matériau isolant régulateur d'humidité […], un bon isolant acoustique […], il est facile à manipuler, parce qu'il est léger, donc il est très facile à manuporter et à empiler. On se rend compte qu'on va assez vite sur un chantier pour faire une cloison ou un doublage en chaux-chanvre. Le parpaing est disponible en différences épaisseurs, […] ce qui fait qu'on peut l'utiliser à la fois en neuf et en rénovation. Il n'a pas de contrainte de séchage, donc par rapport à un enduit correcteur thermique qui serait banché par exemple, on va pouvoir tout de suite enduire, le lendemain par exemple, le mur […]. Il fait aussi très peu de poussière […]. Il ne nécessite pas beaucoup d'outillage […]."
Les enduits
Son autre spécialité : les enduits à base de terre et chaux, en intérieur ou en extérieur. Elle choisit plutôt la terre crue dans des pièces, comme les chambres (sauf pour les enfants) ou un salon, où il ne risque pas d'y avoir trop de frottements et lui préfère la chaux dans les couloirs.
Ces matériaux sont particulièrement adaptés au bâti ancien mais conviennent aussi au neuf.
Elle fait aussi du béton ciré avec de la chaux et de la poudre de marbre pour les murs, qu'elle dose elle-même. Point particulier : elle n'utilise pas de ciment, sauf pour les sols. Elle voudrait également faire des plans de travail avec cette technique (aussi avec du ciment).
Elle peut utiliser un fixateur, comme le Murafix, mais c'est rare, par exemple pour une chambre d'enfant. Elle n'a en effet pas de problème d'enduit qui "farine" (une poudre blanche en surface qui se détache au contact), que rencontrent beaucoup d'amateurs.
Elle nous donne des astuces : "Les enduits c'est une question de timing en fait".
Il ne faut pas talocher trop tôt, il ne faut pas lisser trop tôt. "Il faut attendre que ton produit prenne et, une fois que ton doigt ne marque plus dans l'enduit, là tu peux venir le travailler, le lisser, le talocher. Il ne faut pas trop le travailler non plus."
Enduit intérieur
Enduit extérieur
L'isolation
Enfin, elle fait aussi de l'isolation, surtout avec des laines végétales : chanvre lin coton ou coton recyclé. Elle utilise moins la laine de bois en raison des poussières générées. De plus, le critère de différenciation pour elle est l'efficacité de l'isolation phonique (en plus du déphasage thermique et de la conductivité thermique.
Autres sources :
Construction & Bois
Isolation Thermique & Phonique
Cloisons et doublages
Etanchéité Air/Eau
Menuiserie et agencement
Revêtement sol & mur
Elec & Ventilation
Décoration & Droguerie
Quincaillerie
Outillage
Terrasses & Jardin
Bonnes Affaires
Carte cadeau
