Quel espacement entre les lames de terrasse ?

Faire une terrasse en bois peut transformer radicalement un espace extérieur, en offrant un lieu de détente et de socialisation. Pourtant, la réalisation d'une terrasse durable et esthétique nécessite de prendre en compte plusieurs détails techniques, notamment en ce qui concerne le choix du matériau et la méthode de pose. L'espacement entre les lames de terrasse est un de ces détails cruciaux, souvent réduit à une simple généralité de 5 mm.

Or, cette mesure peut ne pas être adaptée à toutes les situations. Nous allons explorer ici, de façon simple et détaillée, les raisons qui nécessitent cet espacement, ainsi que les facteurs qui peuvent influencer sa mesure idéale. Cela inclut la nature du bois, son taux d'humidité initial, et les variations climatiques de la région où la terrasse est installée. Comprendre ces éléments est essentiel pour garantir la longévité et la beauté de votre terrasse en bois.

Néanmoins, en pratique pour les terrasses en France métropolitaine, vous pouvez vous fier aux ordres de grandeur du DTU: 7 mm si votre bois est bien sec, 5 mm s'il a une siccité ordinaire et 3 mm s'il est autoclave.

Pourquoi espacer les lames ?

Le bois est un matériau vivant, "hygroscopique", qui se dilate et se contracte en fonction des variations de l'humidité de l'air. Il faut donc prévoir un espace pour permettre ce mouvement sans entrave. C'est une problématique récurrente pour tous les revêtement de sol en bois. Par exemple, quand vous posez un parquet massif, parquet contrecollé ou un parquet stratifié, vous devez prévoir un espace autour du bois: le joint de dilatation.

Pour les terrasses, le problème prend une autre ampleur. En effet, un parquet expérimente des variations d'hygrométrie légères, entre 30 et 70% en étant larges, alors que des lames de terrasses peuvent expérimenter des variations entre 10 et 100%, entre une période de sécheresse et une pluie soutenue. De plus, s'il pleut et que les lames se touchent, l'eau va commencer à s'accumuler au dessus du bois et petit à petit le pénétrer. Cela favorisera la formation de champignons, qui détruiront le bois de l'intérieur.

En même temps, si les espaces sont trop larges, c'est très peu esthétique et vous risquez même de trébucher !

En bref, il faut que les lames aient la place de gonfler sans se toucher (auquel cas l'eau ne coule plus et stagne dessus, aggravant le problème et posant des risques à long terme) et de se rétracter sans laisser de vides trop grands (disgracieux et dangereux). Le DTU retient un écart maximal entre 3 et 12 mm.

Notez qu'il faut également prévoir des espaces au niveau des bordures ("margelles") pour notamment éviter les remontées d'humidité.

Les variables pour calculer l'espacement des lames

Pour calculer l'espacement idéal des lames, il faut savoir plusieurs choses :

• d'où on part: quel est le taux d'hygrométrie de vos lames à la pose ? 
• où on vit: quel est la variation du taux d'hygrométrie de la région ?

Le niveau de siccité du bois au moment de la pose

Vos lames, lorsque vous les posez, contiennent déjà une certaine quantité d'eau, qui va influer sur la distance que vous devrez prendre en compte. C'est le "niveau de siccité du bois", qui se situe en principe autour de 18%.

C'est une problématique particulièrement importante pour le pin autoclave. En effet, le traitement autoclave consiste à imprégner en profondeur le bois avec une solution qui va le protéger des champignons et des insectes. En général, quand il est vendu, il n'a pas eu complètement le temps de sécher et reste donc très humide. Il faut donc anticiper qu'il se rétracte beaucoup et on sait qu'il ne gonflera pas beaucoup plus que ce qu'il est.

L'impact de la région sur l'espacement des lames ou le point de saturation

Toutes les régions n'ont pas la même amplitude de variations hygrométriques. Prenons la Bretagne par exemple: il est rare que le taux d'hygrométrie ambiant descende très bas et l'air est souvent très humide. A l'inverse, sur la Côte d'Azur, vous aurez rarement beaucoup d'humidité et souvent d'intenses sécheresses. Une méthode peut le prendre en compte de manière fine en comparant les moyennes estivales et hivernales.

Une autre méthode, préconisée par le DTU, est de comparer le "Point de Saturation des Fibres" (PSF) de l'essence comme limite maximale et un taux minimal, estimé à 8% en France.

Calculer l'espacement des lames en bois massif

Maintenant que nous avons tous les éléments en main, nous pouvons enfin faire le calcul. Pour le calcul exact, le DTU 51.4 nous dit beaucoup de choses intéressantes. Néanmoins vous verrez qu'au final, le mieux est encore de faire au plus simple en déduisant l'écartement du taux d'humidité du bois: vous trouverez toujours un écartement entre 2 et 7 mm, avec en général 5 mm.

On estime qu'il faut prévoir un jeu de 0,25% de la largeur de la lame par pourcentage d'humidité relative du bois.

Exemple d'espacement des lames avec le DTU

Imaginons que vos lames de pin autoclave de 140 mm de large soient récemment sorti de traitement et que son taux d'humidité soit à 25% et que son Point de Saturation des Fibres soit à 30%.

Son humidité pourra donc diminuer de 25-8 = 17%, ce qui se traduit par un écart de 17x0.0025x120 = 5.1 mm. On ne veut pas que cela dépasse 12mm, il faut donc prévoir un écart de moins de 6.9 mm.

En même temps, il pourra aussi gonfler de 5%, ce qui se traduit par un écart de 5x0.0025x120 = 1.5 mm. On ne veut pas que cela réduise l'écart à moins de 3 mm, il faut donc prévoir au moins 4.5 mm.

Un écart de 5 mm fera donc l'affaire.

Exemple d'espacement des lames avec une autre méthode de calcul

Une autre méthode de calcul est de comparer les moyennes estivales et hivernales. Supposons que nous installions le même bois autoclave à 25% d'humidité dans une région où l'hygrométrie moyenne est de 20% en hiver et 10% en été.

L'écart par rapport à la pose sera donc de -5% d'humidité en moyenne en hiver et de -15% en été. Il faut donc prévoir que le bois rétrécira, à moyen terme, de  1.75 mm (5x0.0025x140) en hiver et rétrécira de 5.25 mm (8x0.0025x140) en été par rapport au moment de la pose. L'écart devra donc être supérieur à 1.25 mm et inférieur à 6.75 mm.

On choisira un écart de 3 mm, faisant varier l'écart entre 4.75 mm en hiver et 8.25 mm en été. 

Approximation: les grandeurs données par le DTU

En pratique, vous pouvez vous fier au DTU NF DTU 51.4-1-1:2018, p.37) pour les terrasses installées en France métropolitaine, qui propose un espacement pour les lames en fonction de leur degré d'humidité:

• Lames à 12 à 17% d'humidité : prévoir 7 à 6 mm d'écart
• Lames à 18 à 22% d'humidité : prévoir 5 à 4 mm d'écart
• Lames autoclaves dépassant les 23% d'humidité : prévoir 3 à 2 mm d'écart

Nous proposons des espaceurs de 3, 5 et 7 mm.

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Qui des autres types de bois ? Composite, bambou …

Les lames de terrasse peuvent être en d'autres matériaux que le bois massif, mais qui ont aussi besoin de joints de dilatation, comme le bois composite ou les lames en bambou.

Dans ces cas, le DTU ne s'applique en principe pas. Le constructeur vous fournit, en principe des instructions de pose détaillées.

S'agissant des dalles céramiques ou en pierre naturelle, il faut évidemment prévoir un espacement pour que l'eau puisse couler et à des fins esthétiques, mais il n'y a évidemment pas de dilatation à prévoir.

FAQ: Kenzaï répond à vos questions sur l'espacement des lames de terrasse