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L'analyse du cycle de vie dans la construction écologique

Bonjour à tous les éco-bâtisseurs ! Aujourd'hui nous allons aborder un sujet très important dans le monde de la construction écologique : l'analyse du cycle de vie (ACV).

L'objectif est de vous expliquer en quoi consiste cet outil de mesure qui sert à justifier le caractère réellement écologique d'un produit ou d'un projet ou au contraire en pointer la défaillance.

Commençons par le début : qu'est-ce qu'un cycle de vie et pourquoi est-ce primordial de maîtriser cette notion dans le cadre de la transition écologique, tous secteurs confondus ?

Qu'est-ce que l'analyse du cycle de vie?

Reprenons la définition de l'ADEME qui est très bien faite : "L'analyse du cycle de vie (ACV) recense et quantifie, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d'énergie associés aux activités humaines."

Pour en faire une définition plus explicite, raisonner en cycle de vie, c'est comptabiliser l'ensemble des impacts liés au produit ou au service proposé, de l'extraction des matières premières, jusqu'au recyclage, fin du produit ou du service.

Voici une représentation graphique de ce qu'est un cycle de vie :

cycle de vie du produit

Vous comprendrez donc que l'idée du cycle de vie est de ne rien laisser de côté en termes d'impact écologique. L'un des éléments de la notion de cycle de vie est celui de bilan carbone. L'intérêt est de visionner tout au long du cycle de vie les émissions carbone liées à cette chaîne.

Pour analyser un cycle de vie, nous allons segmenter en 3 les « niveaux » d'émission ou « scopes » d'émission selon la définition de l'ADEME.

Regardons de plus près cette segmentation :

  • SCOPE 1 : Les émissions directes de GES (Gaz à Effet de Serre) : Émissions directes provenant des installations fixes ou mobiles situées à l'intérieur de l'entreprise. C'est-à-dire les émissions provenant des sources détenues ou contrôlées par l'organisme.

  • SCOPE 2 : Émissions indirectes associées à la production d'électricité, de chaleur ou de vapeur importée pour les activités de l'organisation. En principale, nous retrouvons la consommation d'énergie électrique.

  • SCOPE 3 : Autres émissions GES indirectes et tout aussi importantes. Celles qui ne sont pas comptabilisées au niveau 2 mais qui sont liées à la chaîne de valeur complète. Par exemple : l'achat de matières premières, de services ou autres produits, les déplacements des salariés, le transport amont et aval des marchandises, la gestion des déchets générés par les activités de l'organisme, l'utilisation et fin de vie des produits et services vendus, l'immobilisation des biens et équipements de productions… la liste est longue.

schema analyse cycle de vie source ademe(Source ADEME)

Prenons un exemple simple :

Vous achetez une baguette de pain auprès du boulanger du coin. Les émissions carbone niveau 1 liées à la baguette, c'est-à-dire toutes les émissions générées par l'activité de création de la baguette à l'intérieur de la boulangerie.

Les émissions carbone niveau 2, ce sont les émissions liées à la consommation électrique de la boulangerie.

Enfin le niveau 3, c'est tout le reste : émissions des fournitures (toute la farine et autres éléments), de l'ensemble des transports de fournisseurs, aussi le transport de ceux qui vont acheter la baguette en voiture… En somme, pratiquement l'ensemble des émissions carbone se situe ici !!!

Dans la construction, le gros de l'impact ce sont les déchets, et c'est le béton armé (principalement). Donc, si notre entreprise ne fait pas de travaux, et achète les services d'autres entreprises pour les faire, alors les émissions liées à ces postes seront directement dans le niveau 3 de l'entreprise générale.

Maintenant vous vous demandez peut-être pourquoi on insiste avec ces histoires de niveau ? Ce qui compte n'est-ce pas simplement de bien prendre en compte les émissions GES ?

La problématique aujourd'hui est qu'aux yeux de la loi et des principales méthodes de calcul d'un bilan de Gaz à effet de serre (ministère de la transition écologique LOI ENE, norme internationale (ISO-14064-1), seuls les niveaux 1 et 2 sont pris en compte !

On comprend maintenant pourquoi certaines entreprises arrivent à communiquer sur leur « neutralité carbone » malgré des émissions peu réjouissantes placées dans le niveau 3 d'émissions de carbone.

C'est ce que nous appelons plus communément le « Greenwashing » une communication mensongère sur les vertus écologiques.

transmission maison

L'analyse du Cycle de Vie (ACV) appliquée au bâtiment

Pour analyser le cycle de vie dans le bâtiment, nous distinguons deux éléments :

  • L'ACV produit, c'est-à-dire concernant les ACV des produits et équipements du bâtiment
  • L'ACV bâtiment, qui sont les impacts générés par l'ensemble du bâti

Et bien entendu l'ACV bâtiment n'est pas la somme des ACV produit. Il faut encore rajouter l'impact chantier du bâtiment qui lui n'est pas pris en compte dans les ACV produits.

Pour les ACV produits, il existe ce que l'on appelle des fiches FDES (Fiche de déclaration environnementale et sanitaire). Elles sont directement établies par le fournisseur.

A noter que les équipements dit « techniques » (électricité, chauffage, ventilation,) seront soumis à un PEP (Profil environnemental produit) qui remplit le même rôle que la FDES.

Toutes ces FDES sont synthétisés et soumis la base de données INIES puis contrôler par ce même

organisme.

Pour l’ACV bâtiment, il se traduit en quatre grandes catégories :

  • L’impact des matériaux utilisés dans la construction (les FDES)
  • L’impact des consommations d’énergies lors de l’exploitation du bâtiment
  • L’impact des consommations d’eaux lors de l’exploitation du bâtiment
  • L’impact des consommations de la phase chantier

Vous comprendrez donc que l’ACV d’un bâtiment n’est pas une mince affaire !

Concrètement, pour diminuer l’impact environnemental durant le cycle de vie d’un bâtiment, il faut autant prendre en compte la conception du projet, que l’organisation et la réalisation du chantier mais aussi la vie du bâtiment.

C’est grâce à une anticipation est une prise en compte plus importante de la scope 3

C’est grâce à une anticipation et une vision globale de ces phases, en prenant en compte l’importance du Scope 3, que le projet sera orienté vers une diminution et optimisation des impacts du bâtiment.

Il est primordial de dépasser l’aspect protocolaire ou de labellisation quand on cherche à diminuer l’impact d’un bâtiment.

Les énergies vont se faire de plus en plus rares et coûteuses, et le confort des usagers en est aujourd’hui trop dépendant.

Il faut rentrer dans une véritable logique d’écoconception, où la préoccupation des impacts ainsi que le confort des usagers sont au cœur des démarches.