Ma maison écologique

L’écoconstruction : une passion pour l’architecte Delphine Anchisi

 A la recherche d’une maison jetable ? Passez votre chemin ! Depuis ses débuts l’architecte Delphine Anchisi s’est orientée vers l’écoconstruction, pour un habitat plus sain pour ses occupants, et l’environnement, et plus durable.

Rencontre avec une prescriptrice pour qui l’écoconstruction résonne avec une philosophie de vie à part entière.

Portrait Delphine Anchisi©Dphi Architecture

Quel est votre parcours dans l’architecture ?

« J’ai suivi mon cursus à l'école d’architecture de Saint-Etienne. En première année, je découvre un livre, Nos maisons nous empoisonnent de Georges Méar, dans laquelle un pilote d'avion tombe malade et se rend compte que la cause de ses symptômes provient des matériaux mis en œuvre pendant la construction de sa maison.

Cela a provoqué une grande prise de conscience en moi, il m’apparut impossible de construire des maisons avec des matériaux conventionnels dont les effets néfastes sur la santé des habitants sont manifestes.

A partir de ce moment-là, j’ai commencé à m’informer sur les matériaux biosourcés et l’écoconstruction. Après mes études j’ai poursuivi un parcours de formation dispensé par l’association Oïkos (la maison en grec) et l’ASDER (Association savoyarde pour le développement des énergies renouvelables).

Cela m’a permis de réunir les connaissances acquises tout au long de mes recherches en dehors de mes études et de les lier à de nouvelles informations. La voie de l’écologie était confirmée.

Le bâti ancien m’attirait également, c’est pour cela que j'ai suivi la formation « Chargée de la réhabilitation du patrimoine de pays » à l'école départementale de Volvic. »

Pourquoi vous être spécialisée en rénovation écologique ?

« J’ai toujours aimé les vieilles pierres. Les vieilles bâtisses ont une âme. La France dispose d’un beau patrimoine abandonné, nous avons perdu beaucoup de savoir-faire après-guerre…

Il n’est pas possible de construire à tout - va ad vitam aeternam, l’artificialisation des sols n’est pas une bonne chose à long terme ! Il faudrait se résonner sur l’urbanisation sauvage, cela a des impacts majeurs sur les écosystèmes qui se répercuteront tôt ou tard sur nos vies et celle des générations futures. »

Rénovation bâti ancien avec verrière©Dphi Architecture

Quelles grandes différences existent entre les matériaux biosourcés et les matériaux conventionnels ?

« Recourir aux matériaux écologiques c’est respecter la perspirance du bâtiment, notamment celle du bâti ancien qui supporte très mal des matériaux conventionnels tels que la laine de verre.

L’utilisation des matériaux écologiques limitent la pollution de l’air intérieur et préservent la santé de ceux qui les fabriquent, les mettent en œuvre et celle des habitants.

Les matériaux biosourcés résonnent également avec ‘local’ et ‘géosourcé’. L’aspect du réemploi, et de la réversibilité de ces derniers prend de plus en plus d’importance. Une botte de paille pourra être réutilisée, les tuiles de la toiture seront broyées et utilisées en hérisson - graviers - sous dallage par exemple.

Aujourd’hui, on réemploie de plus en plus de matériaux dans la fabrication de nouveaux produits. Le cycle de vie du produit est envisagé dans son intégralité.

Quant aux performances des matériaux écologiques, elles sont souvent meilleures. Votre isolation laine de bois, fibre de bois ou ouate de cellulose présentera un déphasage thermique supérieur à celui d’une laine de roche ou de verre. Vous n’aurez plus ce phénomène de surchauffe dans l’habitat. »

Que représente pour vous l’écoconstruction ?

« Pour moi l’architecture doit aller vers l’écoconstruction, s’orienter vers des maisons plus durables et plus saines. On ne peut pas détruire sans cesse l’environnement par la construction neuve !

La santé des personnes est également très importante. Nous vivons beaucoup à l’intérieur, environ 80% de notre temps, la proportion fluctue selon le mode de vie.

Toute la problématique que revêt les champs électromagnétiques est en outre à considérer. Les CEM restent invisibles mais peuvent déclencher de vraies pathologies, c’est pourquoi installer des interrupteurs de champs électromagnétiques dans son habitat est une très bonne idée.

L’éco-construction fait résonance à un mode de vie plus global, sain et durable où la santé et l’environnement sont envisagés, et respectés, de prime abord. »

Maison bioclimatique©Dphi Architecture

Avec votre œil de prescriptrice, comment a évolué le marché de la construction ?

« Il me semble qu’il y a une plus grande prise de conscience sur la construction écologique, néanmoins le mythe de la maison individuelle est encore très présent. Le fait que chacun doive disposer de sa parcelle, qu’il faut absolument construire, a toujours le vent en poupe.

De plus, les Plans locaux d’urbanisme (PLU) ont été revus et il y a moins de terrains constructibles, cela provoque une ruée vers le peu de terrains disponibles. Le confinement aura également occasionné une envie forte de construire et de disposer d’un extérieur.

Par ailleurs, le changement climatique a imprégné les consciences et ce qu’il y a quelques années n’était pas pris au sérieux dans le secteur, fait désormais partie intégrante des projets, même si les changements restent très lents…

Le grand public se rend compte de l’importance de son isolation, pour faire face aux fortes chaleurs qui s’accentueront et les risques de coupure de courant. L’enveloppe de la maison, reste la base d’un habitat sain qui dure dans le temps. 

Rénovation extérieure façade©Dphi Architecture

Les grandes entreprises du BTP rachètent les petites sociétés écolos, de manière à s’adapter en douceur aux mises aux normes obligatoires des bâtiments et être préparées aux éventuelles interdictions d’utilisation des matériaux conventionnels comme la laine de verre.

Laine de bois, paille de riz, chaux, chanvre, elles investissement fortement le marché des matériaux écologiques. La filière paille commence à s’industrialiser…

…ces grands groupes disposent de moyens conséquents, de grandes capacités de production et de R&D, certes. »

Selon vous, quels sont les bâtiments du futur ?

« J’aimerais que toutes les vieilles bâtisses aient retrouvé vie, que l’on ne construise que lorsque c’est vraiment nécessaire. Que ces nouvelles constructions soient bioclimatiques, écoconstruites, évidemment, sans passer par la case parpaings et le béton (tous deux non perspirants). Il est tout à fait possible de construire par exemple en bois paille durablement. »

Rénovation bâti ancien©Dphi Architecture

Que vous apportent les formations Kenzaï ?

« Cela me permet d’apprendre et de découvrir de nouveaux produits, de présenter les matériaux que je connais déjà différemment et de mieux les connaître. Notre métier évolue beaucoup, c’est pourquoi je m’assure des formations en continu. »

Votre mot de la fin

« Il y a beaucoup de points d’interrogation dans le secteur. Les prix des matières premières et des énergies augmentent provoquant beaucoup d’incertitudes…

‘Cette année, on va se passer de l’archi’

Selon moi c’est une erreur. Les prestations d’un architecte ne représentent pas forcément un surcoût, et son intervention peut changer profondément un projet. Les architectes apportent également d’autres services – visites conseils et diagnostics d’un bâtiment avant l’achat d’une maison afin de détecter des problèmes que vous n’auriez pas vu par exemple, audits énergétiques.

Nous aidons à la réorganisation de l’espace, l’architecte présente une vision globale et impartiale du projet.

Transformer l’existant qu’il s’agisse d’une rénovation, d’un réaménagement ou d’une adaptation. L’ancien bâti est polymorphe, il peut posséder différentes vies ! 

Comme Antoine de Saint-Exupéry l’avait très justement dit : « Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »

maison bioclimatique fenêtre©Dphi Architecture

logo dphi architecture

Contact: Delphine Anchisi

47 rue Charles de Gaulle

42000 Saint Etienne

Tél: 06.36.36.35.27

https://www.dphi-archi.fr

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