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L’amnésie environnementale dans un contexte d'urgence climatique

Citation de Peter H Khan sur l'amnésie environnementale

 

Les canicules sont toujours perçues comme des phénomènes exceptionnels alors que les périodes de fortes chaleurs se multiplient et s’installent durablement depuis quelques années. C’est l’une des principales conséquences du réchauffement climatique.

Une étude a démontré qu’à la fin du siècle, 74% de la population mondiale sera exposée à des canicules, de plus de 20 jours, potentiellement mortelles. (Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, p24- Aurélien Barrau)

Ce sont les faits, mais d’autres phénomènes rejoignent les rangs de la destruction de l’environnement : l’amnésie environnementale.

Qu’est-ce que l’amnésie écologique et quelles en sont les conséquences ? En quoi est-il important de construire des bâtiments qui soient plus respectueux de l’environnement ?

Qu’est-ce que l’amnésie écologique ?

Amnésie écologique, amnésie environnementale, amnésie générationnelle, sont des termes faisant allusion au même concept : notre capacité à vivre dans un environnement dégradé et à penser que c’est normal.

C’est le psychologue américain qui est à l’origine de la notion « d’amnésie générationnelle environnementale » Peter H.Khan qui a conceptualisé cela en 2002.

Ce concept a été développé en biologie de la conservation et l’approche est la suivante : chaque génération considère comme point de référence initial l’état de l’écosystème qu’il a connu depuis sa naissance. Ce qui conduit inévitablement à une perte de la biodiversité à terme. (Source : wikipédia)

C’est le fait d’oublier qu’il y a un demi-siècle à peine, la ZAC des tulipes dans le Val-d’Oise ne porte plus qu’un nom évocateur. En effet, cet espace de 80 Hectares, était recouvert de champs de tulipes il n’y a pas si longtemps.

L’amnésie écologique, c’est s’accoutumer à tout ce béton sans se poser de questions additionnelles, sur la vie antérieure de l’espace naturel.

C’est également, des transmissions qui n’ont pas eu lieu avec les anciennes générations, pour différentes causes, le devoir de mémoire s’en trouve alors altéré…

Le biologiste marin, Daniel Pauly, parle lui de « syndrome de la référence changeante ». Un concept apparu en 1995 lorsqu’il remarqua que les chercheurs, spécialistes de la pêche, prenaient comme référence pour leurs travaux, « la taille et la composition du stock de poissons du début de leur carrière » (Source : reporterre).

Bien, bien, bien…

écologie et éthique sont à retenir

Les conséquences de l’amnésie environnementale

L’amnésie environnementale se traduit par une déconnection au vivant et aux cycles naturels. Une inconscience manifeste de l’importance de la nature dans notre évolution. Cela n’est pas sans rappeler qu’une grande chanteuse américaine pensait que les poissons existaient uniquement sous forme de bâtonnets fris…

Les êtres humains s’habituent à leur environnement. Si une société a toujours vécu entourée de béton, comment peut-elle avoir conscience de l’importance de la nature ? Comment peut-elle observer les changements de la nature dans un contexte où les écosystèmes ont presque entièrement disparus ?

En vivant en ville, il est presque impossible d’observer les mutations et les transformations de la biodiversité, ni de se rendre compte de la catastrophe que le changement climatique est en train de produire.

A titre d’exemple, « en 40 ans, plus de 400 millions d’oiseaux européens ont disparu. Et plus de 3 milliards aux Etats-Unis. » (Source : Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, p 16 - Aurélien Barrau)

Choquant n’est-ce pas !

En résumé l’amnésie écologique encourage :

  • L’inaction des contemporains face au changement climatique
  • Une perte de repères : comment savoir ce qui s’inscrit dans la norme dans la mesure où ne sait pas avec certitude comment ce devrait être

Lorsque l’on prend conscience que les humains ne représentent que 0.01% des créatures vivantes mais qu’ils ont participé à 83% des pertes animales depuis les débuts de la civilisation, cela laisse songeur ! (Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, p 21- Aurélien Barrau)

Mais il existe des solutions !

  • Faire prendre conscience à la société que les fortes chaleurs ne sont plus exceptionnelles : adaptation des discours dans les médias (radios/télé)
  • Rendre sa place à la Nature dans les villes : jardins, parcs, potagers, ruches, etc. de manière à recréer des écosystèmes dans les agglomérations.
  • Renouer avec la nature : en se documentant et en prenant le temps d’observer

une femme ouvre grand les bras dans la forêt

L’artificialisation des sols et le bâtiment dans l’amnésie environnementale

Depuis les années 80, l’homme n’a eu de cesse de s’accaparer les espaces naturels, ne laissant que très peu de chances de survie aux écosystèmes et la biodiversité en place.

L’artificialisation des sols a un impact négatif significatif sur la nature, c’est d’ailleurs pour cela que l’Etat a promulgué la loi pour la reconquête de la biodiversité (2016).

Le devoir de mémoire inhérent au passé naturel des territoires étant morcelé, il est important que l’impact environnemental de la construction soit maîtrisé et diminué. C’est pour cela que ‘construire durable’ et rénover énergétiquement deviennent des priorités.

Les matériaux de construction écologiques intègrent dans leur composition des ressources naturelles, et des sous-produits de l’agriculture, utilisés par l’Homme depuis des temps immémoriaux (chaux, paille, terre, coton, ana de lin, chanvre, etc).

Ces matériaux naturels alliés à la technologie en font des matériaux durables à moindre impact environnemental.

C’est, entre autres, dans le but de minorer l’impact environnemental que la construction d’habitats alternatifs s’est fortement développé depuis quelques années. Yourtes, tiny house, Eco dôme, maison en terre peuplent nos contrées. Le développement des chantiers participatifs contribue également à partager les connaissances et donc réaliser ce travail de devoir de mémoire important pour toutes les générations.

Des paumes de main en dessous de la canopée d'une forêt

Construire durablement, rénover l’existant, c’est avoir conscientisé tout le mal que nous avons déjà fait à la planète et agir chacun à son niveau. C’est bien la somme de nos efforts individuels qui résultera en un effort collectif humain pour le vivant et la sauvegarde de la planète.